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Documentaire

Année: 2017
Réalisateur: Ridley Scott
Acteurs notoires: Michael Fassbender, James Franco

Plot: dans l’espace, personne ne vous entend crier.

 

 

 

 

Mr Orange: Nouveau coup de maître du (grand-)père Ridley, Alien : Covenant joue à l’équilibre entre le chef d’oeuvre mythologique et bourrin qu’est Prometheus et la cultissime saga d’horreur spatiale Alien-s-3-resurection. Posé sur les bases solides du premier, en nous ramenant à nos délices xénomorphiques de la seconde. Et pourtant méprisé par la langue venimeuse du public?

Attentions spoilers

Après cinq ans d’abstinence xénomorphique, les grosses bébêtes luisantes reviennent. En commençant par une belle com’. Si le prologue The crossing ou l’extra à 360° In utero font de parfait bonus pour ceux qui n’en ont pas eu assez, le biblique Last supper est facile certes, mais surtout un magnifique clin d’oeil / piège pour les fans. Jouant sur l’une des scènes les plus mythiques de la saga, le spectateur va s’attendre à une re-moulure 2017 du 8e passager, avec un James Franco pour donner la réplique façon moustache pré-pubère. Erreur. Si l’on retrouve des éléments clés de la saga originelle (réponse au signal, galerie des horreurs, vue subjective…), il s’agit aussi – et avant tout – de la suite de Prometheus. Prometheus avec ses aspirations et questionnement cybernétiques. L’origine de la vie et surtout des xénomorphes qui prend enfin un sens avec une révélation d’une horreur glaciale. Ces xénomorphes tapis dans les l’ombre… ces bêtes monstrueuses qui nous clouent inlassablement au siège pour notre plus grand plaisir. Semant la terreur sur un casting sorti de nulle part. Parce Ridley, il fait des barbecues avec ses movie stars. Et pour la troisième fois, sa nana d’enfer n’a pas besoin d’être célèbre pour botter de la vermine.

Certes, si Covenant ne rassemble pas les masses, c’est que ce n’est pas un sans-fautes. D’où le « maigre » 9/10 pour un film de la saga. Que ce soit la musique Hollywoodienne à deux balles lorsque le Covenant approche la planète (blurp) ou les déboires avec le réseau de panneaux solaires mis hors service dès qu’un tronçon est débranché – ou quand trop d’action tue l’action, à la Passengers. Mais ce sont des broutilles. Non. Ce qui a réellement pêché est le manque de lenteur, le point fort du premier opus de Ridley Scott. Où est passée la tension froide pleine de sueur? Un sentiment de devoir expédier la narration, de ne pas vouloir tomber dans un remake des traditionnelles chasse au xénomorphes/à l’homme? Expédition qui trouve son apogée dans une scène de hangar torchée, les effects spéciaux avec tant qu’on y est. Et pourtant, on l’attendait depuis sa visite initiale. Rempli de chaînes, de véhicules… un terrain de jeu parfait un final à la Terminator, premier du nom. Dommage.

Le point de force de Covenant est finalement cette dualité constante. Des colons assemblés en couples. De l’amour, sans que ça devienne lourdement pompeux, et du sexe, de la tension charnelle indissociable de la saga. Des cyborgs qui forment la pair. Ce magnifique duo cybernétique qui rend toute la grandeur du jeu de Michael Fassbender et culmine avec un jeu de flute bluffant et une punchline qui sort du fond du coeur/programme. Des chestburst qui vont toujours par deux et qui par la même renouvellent la dynamique de la saga. Quand il y en a plus, il y en a encore… et ils sont encore plus méchants. Une action à cheval entre un vaisseau high-tech flottant dans l’espace infini « sea of nothing » et un temple rustique planté au milieu d’une jungle suintante garnie de spores meurtriers. A cheval entre Prometheus et ses parents originels, ravivant la question de l’oeuf ou de la poule… ou plutôt de l’ovomorphe/facehugger et de la reine.

Covenant est magnifique. Garni de mythologie, de réponses et de questions, de gore, d’horreur, de réflexions, et de Walter/David. Un digne représentant de la saga. Et surtout, si Prometheus posait plus de questions qu’il n’en répondait, Covenant laisse aussi du gruyère à mastiquer. Cet éternel plaisir de retourner inlassablement le film dans sa tête, en rentrant du ciné par une belle nuit de Mai, un regard tourné vers les étoiles.

Plus qu’à attendre une nuit Prometheus-Covenant double version longue… et 2019?.

XP SUGAR MAN 120 Année: 2012
Titre original: Searching for Sugar Man
Réalisateur: Malik Bendjelloul
Acteur notoire: Sixto Díaz Rodríguez

Plot: Documentaire sur le talentueux mais méconnu Rodriguez

Sources utiles: Allociné & IMDb
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Mr Blonde :
Premier long métrage de Malik Bendjelloul, ce bijoux n’a failli pas voir le jour faute de moyens. Après 3 ans de labeur et de recherche de financement, le film sort sur nos écrans mais est très peu diffusé en France. Il relate le parcours de Sixto Rodriguez, chanteur et guitariste, qui au début des années 70 enregistra 2 albums sous le label Motown (le label qui a entre autres pris sous ses grandes ailes Michael Jackson, Diana Ross, Marvin Gaye, Stevie Wonder et j’en passe…).

Ce chanteur de folk américain de grand talent aurait du percer et faire un carton. Au lieu de ça il se retrouve à bosser sur les chantiers à Detroit, laissant de côté la composition.
Le documentaire commence à prendre tout son intérêt lorsqu’on découvre que cet ovni du Motown fait un carton en Afrique du sud, en plein apartheid. Ses chansons deviennent un symbole d’émancipation pour la jeunesse blanche sud-africaine qui lutte contre la ségrégation raciale et la répression du gouvernement. Le mystère Rodriguez grandit au fur et à mesure que les copies pirates de son disque inonde le pays et une sorte d’enquête débute afin de dénicher la moindre info sur ce fantôme dont les supposées conditions de mort vont du simple suicide par balle à l’immolation sur scène en plein concert.

Allez le voir c’est bien!

Mr Blonde

PS : Searching for Sugar Man vient d’être nominé aux Oscars 2013 dans la catégorie Meilleur documentaire.

Festival Paris Cinéma: ciné-mix

Ouverture de la double nuit HK avec un ciné-mix du film Etudes à Paris par Jeff Mills.

Le film: Etudes sur Paris d’André Sauvage, 1928
Documentaire muet en noir et blanc, Etudes à Paris immortalise un tout-Paris des années 20 au travers de 5 thèmes. Une entrée fluviale dans Paris par le Nord, via les canaux de Saint-Denis puis St Martin, tiré par un toueur. Une traversée Nord-Sud de la Porte de la Chapelle à la Porte de Versailles. Les iles de Paris, le Luxembourg, la périphérie. Toutes la classes sociales, toutes les architectures, toutes les vies quotidiennes y passe… même si cela reste très contemplatif, certains plans sont drôles, d’autres intéressant – pour l’aspect historique – et de rares mises en parallèle feront réfléchir. C’est pas fondamentalement chiant, loin de là, y’a des choses sympa, mais ça casse pas non plus des pattes à un canard, surtout quand on dépasse l’heure.

Le Dj: Jeff Mills (accompagné d’un percussioniste)
L’un des pères spirituels de la techno (ceci vous dis peut-être quelque chose?), Jeff Mills est la figure de proue du beat from Detroit (le Berlin d’outre-atlantique) et oeuvre à sa diffusion depuis plusieurs décennies désormais. Et avec les années qui passent, ce Dieu ambulant malgré tout méconnu se diversifie et produit notamment des ciné-mix (non vus), celui-ci étant son 1er film français et son 1er documentaire.

Contrairement à la majorité de ceux qui liront ces lignes, Jeff Mills a découvert Paris (ou tout au moins le Paris hors clubs) au travers de ce film… avant de reparcourir les mêmes quartiers de ses propres yeux. Expérience fortuite et – d’après lui – fascinante, il a spécialement apprécié l’aspect mystique de l’architecture parisienne.

D’où un mix assez mystique, lancinant qui ondulera entre des phases calmes et d’autres plus énergiques, celles qui vous titillent et donnent envie d’aller s’agiter sur un dancefloor. Le mec est bon, point.

Le Ciné-mix:
Le mix est clairement bénéfique au film ce dernier étant muet et peu rythmé, un bon beat réfléchi est fort appréciable. Mention spécial pour l’accord entre l’entrée de la péniche dans le tunnel avec un plan agressif sur des chaînes en mouvement frénétiques, propulsant la péniche dans l’obscurité et le ton donné par Jeff Mills au son qui colle parfaitement. On appréciera aussi la séquence de plongeons  en rythme et d’autres détails.

Le film est clairement pas optimal pour la discipline. Les images globalement sympa et le format documentaire / noir & blanc / muet sont appropriés. Mais… mais, ce qui ne colle pas c’est le rythme, ou plutôt l’absence de rythme. Jeff Mills – parce qu’il est bon le saligaud – a trouvé le moyen de justifier ses modulations musicales avec par exemple le passage du Paris fluvial lent au Paris terrestre hyper-dynamique… mais c’est lui qui imprime le rythme. Il ne devrait que le suivre… ce qui est difficile quand il n’y en a pas.

Bilan:
Des images sympa, Jeff Mills est bon et assure comme il peut. Problème, une fiction (ou un documentaire rythmé) est plus adapté au développement d’une musique de plus d’une heure qui doit nécessairement voir son rythme et ses tonalités se diversifier en fonction de l’image, chose difficile ici, même si Jeff Mills est bon. (je l’ai assez dis, ça va?) Pour comparer avec ce qui est comparable, déjà vu un ciné-mix de Duel (1972, Spielberg), film a suspens avec peu de dialogues … et par conséquent tout à fait adapté à la manoeuvre.  Mais on pardonne, la tentative était louable et ça reste sympa à voir. Un mix-video eusse pu être une idée…

Mr Orange

Année: 2010
Titre original: Blank city
Réalisatrice: Celine Danhier
Individus notoires: Jim Jarmusch, Amos Poe, Charlie Ahearn, Eric Mitchell, Nick Zedd

Plot: effervescence culturelle New-Yorkaise durant les 70’s

Sources utiles: IMDb

Champs-Elysées Film Festival: en lice pour le prix du Public
En présence de la réalisatrice
Note donnée: coup de coeur, 4/4

Mr Orange: Auto-masturbation intellectuelle d’une culture de niche? S’eusse pu être le cas si le réalisateur n’avait pas été une petite réalisatrice frenchy fraichement débarquée à New-York qui s’est lancée il y a de ça 6 ans dans l’aventure avec tout l’art et la méthode de l’époque d’intérêt: magouille & débrouille. Chapeau pour cette ode au cinéma New-Yorkais né d’une vague trash.

Recentrons le propos. Dans un coin de Manhattan, le Lower East Side, le No Wave apparait à la fin des 70’s. Mouvement cinématographique, musical, artistique… culturel issu de l’esprit punk nihiliste, prônant le do-it-yourself… surtout si t’as pas de talent. Evidement, le fruit de cette culture n’était pas ou peu médiatisé. Si c’est pas de la niche ça. Les films sont majoritairement inregardables, mais c’est pas grave, vous ne les trouverez pas, ou seuls ceux qui le sont, regardables. Durant les 80’s, cela évoluera vers le Cinéma de la transgression, plus trash. Une ère morte qui influence pourtant le ciné indé et dont sont ressortis quelques noms.

Idée de l’époque:  » Tu fais de la peinture? Ca tombe bien, j’aime ta coiffure et j’ai besoin d’un guitariste dans mon groupe. Tiens, voilà une basse désaccordée, ça fera l’affaire. »

Et… c’est absolument génial! 1h30 d’hyper-culture hyper-underground qui vaut de l’or. Littéralement.  Des extraits de films choisis que vous ne verrez jamais. Un tissage chronologique du No Wave et du Cinéma de la transgression par leurs acteurs majeurs, rendant compte de la richesse extrême du vivier intellectuel de l’époque. Des jeunes avec des idées. Une pauvreté extrême, facteur stimulant. Des dealers pour permettre de travailler sans s’arrêter. Le maire et le SIDA pour fermer le clapet de ses auto-proclamés intello. Génial. Attention, les informations déferlent à une vitesse inouïe, incitant un 2e visionnage… qui ne sera pas de refus.

Du précurseur The Blank Generation d’Amos Poe à la consécration cannoise de Jim Jarmusch avec Stranger in paradise en passant par les débuts de Steve Buscemi, un aperçu sur un autre quartier effervescent de New-York dans Wild Style de Charlie Ahearn et la surenchère de provocations de la part de Nick Zedd ou de Beth B & Scott B… prenez ce gros facial de culture inaccessible avec délectation, et avalez goulument.

Un documentaire sur une époque clé de l’intellect moderne et malgré tout obscure. Non intrusif, la parole est laissée aux progéniteurs, qui recréent un mythe se suffisant à lui-même. Un travail monstre d’une valeur inestimable. Un documentaire qui sublime l’expression « tu dormiras moins con ce soir », instruisant l’indigent sur ce qui différencie New-York d’Hollywood. Génial.

Bémols:
– un rappel écrit et permanent des dates aurait été le bienvenu.
– pour (cinéphiles) curieux et passionnés avant tout.

Année: 2010 (US) 2013 (Fr)
Titre original: Tabloïd
Réalisateur: Errol Morris
Individus notoires: Joyce McKinney

Plot: « affaire du Mormon menotté

Sources utiles: IMDb

Champs-Elysées Film Festival: en lice pour le prix du Public
Note donnée: coup de coeur, 4/4

Mr Orange: Sacré caractère: touchante victime ou machiavélique manipulatrice, quoi qu’il en soit obsessionnelle, Joyce McKinney est au centre de l’attention dans ce documentaire qui revient sur le fait divers qui a marqué sa vie, voir plus si affinités. Errol Morris, en bon maitre de cérémonie, aborde l’affaire qui a enflammé l’Angleterre durant les 70’s en réunissant divers protagonistes impliqués dans l’affaire… sauf Kirk, le Mormon menotté, qui a préféré garder le silence. Joyce McKinney, la folle amoureuse, Troy Williams, un Mormon éclairé vulgarisant ses doctrines, 2 journalistes: Peter Tory pour le Daily Express et Kent Gavin pour le Daily Mirror… tout ce petit monde nous éclaire avec des avis très divers

Ceux qui n’avaient pas atteint l’âge de la raison à l’époque se demandent peut-être: mais, quelle fameuse affaire? Celle d’une reine de beauté qui est tombé amoureuse d’un Mormon jusqu’à passer une Lune de miel dans un magnifique petit cottage gallois / le kidnapper, séquestrer et violer avant que le Mormon ne retourne parmi les siens. Choisissez votre version préférée, la vérité se cachant ailleurs.

Succulamment monté, dynamique et drôle, Tabloïd est un mélange d’interviews actuelles, de rares anciennes, de titres de journaux – tabloïds évidement – et de clichés appuyant le propos, accompagnés d’illustrations tournant en dérision les témoignages quand ils ne se suffisent pas d’eux même. Parce qu’au delà de l’intérêt racoleur du topo – avouez qu’une histoire de bondage entre une bimbo frivole et un Mormon ça décoiffe -, le documentaire confronte et décortique les points de vues dans une veine recherche de vérité relevant la risibilité de chaque parti. Que ce soit la nympho obsessionnelle amoureuse, le mormon ayant un appétit sexuel réprimé par sa communauté inflexible et notoirement toqué ou les journalistes usant leurs talents aux services de la Livre Sterling… tout le monde en prend gentiment pour son grade.

On peut y voir une subtile critique de la presse à scandales ou de l’Eglise Mormone, un pamphlet sur la psychologie d’une bimbo… ou simplement un documentaire drôle et rafraîchissant. Ca change de la fiction (établie) et ça se conseille sans soucis.

Année: 2011 (US) 2013 (Fr)
Titre original: Bernie
Réalisateur: Richard Linklater
Acteurs notoires: Jack Black

Plot: histoire vraie de Bernie, un mec vraiment gentil

Sources utiles: Allociné & IMDb

Champs-Elysées Film Festival: en lice pour le Prix du public
Note donnée: très bien, 3/4

 Mr Orange: Retour de Jack Black dans une comédie indépendante, et comme d’habitude, Jack Black rocks his world! On oublie son rôle de lourdaud envahissant, le voilà homme le plus gentil du monde, poli, aimable, populaire parmi les petites vieilles et donc la communauté de Carthage, petite ville du Texas pleine de… texans., vous savez, ces gens qui ne voient pas plus loin que leur bottes?!

 Tiré d’une histoire vraie, le film bénéficie d’une double narration, alternant constamment entre les hauts-faits de Bernie façon fiction et des interviews de la communauté façon documentaire… jusqu’au générique, où l’on découvre le vrai Bernie discuter avec Jack Black s’immergeant dans son rôle à l’aide d’une mustache. L’originalité de ce ping-pong entre fiction et faux docu est fortuit,  participant à la création du mythe Bernie en plus d’être une source de nombreux éclats de rires. Confère les nombreux « débordements » des témoignages et… mieux, la fabuleuse cartographie du Texas. /love

 Le petit reproche que l’on peut faire au film, c’est de s’être accroché à une réalité trop ennuyeuse, les péripéties du film n’étant pas assez caricaturées. Un peu de pure fiction aurait pu être bénéfique. Peu importe, la conclusion nous rappelle nos éclats lors de l’érection de Bernie au rang de mythe urbain. (ne cherchez pas de contre-pétrie)

Jack Black crève toujours l’écran dans une comédie indé originale à la morale encore plus originale.

Année: 2009
Titre original: The girlfriend experience
Réalisateur: Steven Soderbergh
Actrice notoire: Sasha Grey

Plot: tranches de vie d’une escort-girl

Sources utiles: Allociné & IMDb

Mr Orange: Plongeon tête la première dans le cinéma d’art et d’essai de S. Soderbergh et sa foutue marque de fabrique si caractéristique. Alors autant Soderbergh-blockbuster (Ocean’s…) est appétissant, autant Soderbergh-indé (Full frontal…) est indigeste. Et pourtant, son style expérimental (montage, mise en scène, photographie… petit dossier ici) a beau m’hérisser les poils et m’emmerder sérieusement, cette fois-ci le résultat est là, quoi que je puisse en dire.

Après le succès de son diptyque sur le Che, Soderbergh retombe dans le film expérimental avec Girlfriend experience qui s’attarde sur la vie d’une escort-girl. Chelsea a un copain et est la parfaite petite amie éphémère pour hommes d’affaires: elle les accompagne où bon leur semblent, écoute leurs petits soucis, tiens la discussion et – à l’occasion – laisse tomber sa belle robe. Pour porter son film, Soderbergh a tout bonnement choisi Sasha Grey, pornstar émérite aux innombrables récompenses spécialisées, qui s’essaye au cinéma conventionnel. Escort-girl + pornstar = film garnis en scènes torrides?! Que nenni! Loin de tout voyeurisme gratuit, cette actrice sortie des sentiers battus colle tout à fait dans cette introspection sur la personne qui se cache derrière un métier en marge de la société, métier qui s’avère finalement s’approcher de l’assistante sociale pour mecs pétés de tunes, pas si loin que ça du métier de son copain: coach en club de gym, sauf que ce dernier garde son slip.

Le cinéma expérimental de Soderbergh porte finalement ses fruits avec un inattendu vie-ma-vie-d’escort-girl sous faux-air de documentaire dans un format très cours: 1h15 qui permet une approche aisée de son style #$@*# sans perdre son temps!!

Année: 1991
Titre original: Hearts of Darkness: A Filmmaker’s Apocalypse
Réalisateur: Eleonor Coppola
Intervenants notoires: Francis Ford Coppola, George Lucas, Martin Sheen, Laurence Fishburne…

Plot: Film du film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola

Sources utiles: Allociné & IMDb

Attention, terrain miné de spoilers, c’est difficile de parler du film du film sans parler du film.

Ajout: Voir le making-of avant le film est loin d’être létal.

Mr Orange: Pour le fameux tournage, F.F. Coppola a demandé à sa femme de l’immortaliser en réalisant une sorte de making-of. Dès le début, on est mis au parfum, dixit Francis Ford Coppola: « My movie is not about Vietnam… my movie is Vietnam. » On voit donc F.F. Coppola descendre en enfer, suivant un chemin initiatique similaire à celui emprunté par Martin Sheen alias le capitaine Willard.

Il s’agit effectivement du tournage le plus cauchemardesque de tous les temps. Pour donner quelques chiffres: doublement du budget de 15 à 30 millions de dollars, le tournage prévu pour durer 6 semaines s’est éternisé sur 16 semaines, sans parler du montage qui a pris 3 ans (en parallèle). Heureusement, il a été reçu à valeur de l’implication de l’équipe (excepté Marlon Brando peut-être…).

Sans trop rentrer dans les détails, nous avons droit à des interviews des protagonistes au cours du tournage ou plusieurs années après, des enregistrements réalisés à l’insu de F. F. Coppola, qui analysent et reviennent sur la multitude d’incidents ayant échelonnés le film: ouragan, diplomatie avec la dictature du coin, acteurs consacrés/foireux, équipe sous acide, délires de F.F. Coppola et consort…

Le petit bonus, c’est que le documentaire va bien plus loin qu’un bateau making-of. Il est agrémenté des meilleurs scènes du film (Chevauchée des Walkyries, Napalm…), distribuées  selon la chronologique du tournage qui correspond à peu de choses près à celle du film (sauf la séquence à Saïgon) . Donc pour ceux qui ne veulent pas se taper ce monstre cinématographique de 2h30, on a en 1h36 un gros condensé du film accompagné de potins et autres pensées philosophales sur la condition humaine, le cinéma… son industrie…

Après, pour ceux qui veulent vraiment en bouffer, y’a la version Redux, ressortie en 2001 et comprenant plein de scènes bonus, pour un total de 3h20… suivie du docu… z’avez plus qu’à prendre des amphèt’, vous rejoindrez l’état des acteurs et pourrez tenir les 6h de Viêt-Nam…

Enjoy !

Mise-à-jour: voilà mon commentaire sur Apocalypse Now Redux

 Année: 2007
Titre original: Le renard et l’enfant
Réalisateur: Luc Jacquet
Acteurs notoires: Isabelle Carré, Bertille Noël-Bruneau

 Plot: Une jeune fille se lie d’amitié avec un renard.

 Sources utiles: Allociné & IMDb

 Mr Orange: Pour contrebalancer avec les derniers films présentés (ici ou ), voilà un fabuleux conte d’une belle amitié entre une petite fille et un renard sauvage. Luc Jacquet n’en est pas à sa première avec les animaux, ayant déjà réalisé La marche de l’empereur. Mais contrairement aux manchots, ici on a le droit à un vrai film, issu d’un scénario avec toutes les contraintes imaginables. Le film est donc issu à la fois  d’un tournage traditionnel, avec des animaux dressés, ainsi que d’un tournage « into the wild » avec de vrais animaux sauvages. Et le jeu en vaut la chandelle.

Les images sont tout simplement époustouflantes. Les moments de vie – relativement – sauvage sont absolument géniaux. Bien évidement, il vaut mieux pas être trop fatigué, sinon on se retrouve tellement bercé par ce conte qu’on risque d’en louper des bouts. Quoi que l’on a droit à nos petits moments de montée en tension très appréciés. Et cet apparent quasi-documentaire sait nous mener par bien des sentiments, rire, haine, peur, stress, émerveillement…

Côté acteur, c’est trèèèèès limité (pour ça que j’ai précisé le nom de la petite fille qui est totalement inconnue au bataillon). Bertille, petite rouquine au jeu très juste, qui court dans les champs, à la recherche de son renard bien aimé, et Isabelle Carré en voix off, qui nous compte ses impressions.

Point positif ou négatif, tout dépend des opinions: on a le droit à tout pleeeeeeein d’animaux sauvages, dont certains n’ont plus galopé sur des versants alpins depuis bien des années. Donc, c’est d’une authenticité relative… m’enfin qui va se plaindre d’avoir le droit à tant de spectacle?

Bref, grosse bouffée de nature, superbe conte prenant la défense d’une vie sauvage épanouie… parfait pour s’apaiser l’esprit et se détacher d’un monde de béton et de pollution…

 Année: 1980
Titre original: Cannibal Holocaust
Réalisateur: Ruggero Deodato
Acteurs notoires: Aucun

 Plot: Un anthropologue par à la recherche de quatre jeunes journalistes aventuriers ayant disparus dans une forêt peuplée de tribus cannibales.

 Sources utiles: Allociné & IMDb

  


Mr Orange: Alarme! Âmes sensibles s’abstenir, vraiment.
Et c’est moi qui le dit. Donc si comme moi vous avez pris l’habitude de vous caler tranquillement avec votre repas devant votre « petit film du soir ». Conseil: à proscrire dans ce cas très précis… ou finissez votre assiette rapidement. Oui, je trouvais que nos critiques commençaient à un peu trop vomir l’eau de rose et j’ai donc tapé en sens inverse. Bah c’est réussis. Alors ici on atteint du très très haut niveau. Saw & cie – sans grand intérêt soit dit en passant – peut aller se coucher. Et hormis quelques rares films HK méconnus (à juste titre), ou l’esprit tordu de certains chefs d’oeuvres de T. Miike et consort… les italiens en tiennent une bonne couche (je pense à Pier Paolo Pasolini et notamment son Salo ou les 120 jours de Sodome). Franchement, le film est vraiment très dérangeant. Je vais pas m’étendre sur la censure qu’il a subit, savoir que le réalisateur a dû prouver de l’état de santé de ses acteurs et dévoiler le secret de ses effets spéciaux  à la justice italienne, illustre suffisamment la chose. Le film prend les tripes.

Bref, parlons sérieusement du film. Celui-ci est découpé en 2 sections distinctes, délivrées en alternance. La première, nous montre nos jeunes compères s’enfonçant dans la jungle, caméra à l’épaule, ils tournent leur documentaire et filment toutes leurs activités avec une force de vérité bien trop dérangeante. La deuxième, suis donc un anthropologue qui part à leur recherche puis doit faire face à la gestion des images récupérées.

Ceci étant dit, le discours du film est bien loin d’être abruti et gratuit. On fait face à la nature humaine… et on découvre que les monstres ne sont pas forcément ceux qu’on croit, avec une dénonciation du journalisme sensationaliste et intrusif… La musique est très juste, dérangeante quand il faut, effectuant de subtiles virages vers une certaine insouciante pour nous aider à supporter des scènes vraiment dures… quoi que bien loin de la musique soutenant un début de film très guillerets qui peut induire les plus inconscients en erreur. Pour ce qui est de la caméra, les séquences caméra à l’épaule amplifient l’horreur des scènes… sans entrer dans les détails, je peux assurer que l’effet « je filme à distance (pas question de gros plan) avec quelques branches pour nous séparer de la scène » est très efficace… Leurs appréhensions par l’anthropologue permet de mettre un peu de distance, et un retour dans un monde bien bétonné, sans mygales ni cannibales soulage…

Points négatifs:
– Il faut quand même relativiser sur les pratiques cannibales présentées, ici exacerbées et bien loin de la réalité.
– Gros gros bémol: au cours du film, on voit de nombreux animaux se faire tuer / préparer / cuisiner / manger (barrer la mention inutile). Il faut savoir que des VRAIS animaux ont VRAIMENT été tués PENDANT le tournage pour les beaux yeux du spectateur. Et on est pas dupe, les scènes sont vraiment réalistes, d’une horreur accablante… les réflexes post-mortems ne trompent pas, faut être honnête, pas un réalisateur n’y pense. Le réalisateur a d’ailleurs avoué des regrets quand au tournage de ces scènes. Quand aux acteurs ayant acceptés d’affliger ce traitement à ces animaux… leurs états d’âmes n’ont pas été communiqués… Si ça peut rassurer certains, parait-il que les quota de chasse ont été respectés…

Bilan: film choc, culte, à voir… en étant un peu prévenu du contenu. 2e conseil: assurez-vous d’avoir quelqu’un dans les environs vers qui chercher un peu d’humanité…

Mr Blonde:  Mr Orange ayant brossé un tableau assez complet du film, je vais faire plus court.

Pour moi un film à voir, ce n’est pas qu’un film bien tourné, avec un bon scénar, une bonne BO et des acteurs crédibles. C’est avant tout aussi un film qui bouscule les émotions, quelqu’en soit la résultante et pour un peu que ça ne soit pas complètement gratuit. On peut le dire. Cannibal Holocaust bouscule les émotions. C’est une expérience, pas forcément indispensable.

 Année: 2011
Titre original: Trolljegeren
Réalisateur: André Øvredal
Acteurs notoires: aucun

 Plot: Armés d’une caméra vidéo, un groupe d’étudiants norvégiens traquent un mystérieux braconnier surnommé le « chasseur de Trolls ».

 Sources utiles: Allociné & IMDb

 Mr Orange: Le cinéma norvégien, vous connaissez? … moi non plus. Vous pensez sûrement à un film chiant, avec une caméra immobile, immortalisant des paysages neigeux à en faire une fracture occulaire, des dialogues quasi-inexistants et sans queue ni tête. Détrompez-vous ! Vous allez voir que le cinéma norvégien et a fortiori scandinave regorge de perles. Oui, j’ai menti, le cinéma norvégien ne m’est pas totalement inconnu.

Filmé à la Projet Blairwitch (pour les anciens) / Cloverfield (pour les nouveaux), on part à la chasse des trolls. Vous aimez les théories du complot ?! Ca tombe bien, ceci n’est pas un film, mais un documentaire nous dévoilant le coup de maître du gouvernement norvégien, qui réussi depuis des décennies à cacher l’existence des trolls au monde entier ! Donc oui, c’est un faux-docu (exemple Le Cauchemar de Darwin), et c’est cool.

Les effets spéciaux sont clean, et oui, les trolls d’une production norvégienne sont plus beaux que les singes de La Planète des Singes: Origines ! Le scénar’ est efficace. De l’humour en veux-tu en voilà, de la fameuse et inévitable blague de pet – oui, version troll, ça envoi du lourd – à la malicieuse critique de la politique de distribution de l’électricité en Norvège, y’a de quoi trouver son petit bonheur. Des beaux paysages, une initiation au folklore local… ou comment aller à la pêche au touriste avec un film à potentiel international !

 Bilan, cet OVNI norvégien est une claque bien givrée, à apprécier sans modération, parce que, franchement, faut se l’avouer, un documentaire fantastique sur les trolls… ça vaut le détour :)