Année: 2017
Réalisateur: Ridley Scott
Acteurs notoires: Michael Fassbender, James Franco
Plot: dans l’espace, personne ne vous entend crier.
Mr Orange: Nouveau coup de maître du (grand-)père Ridley, Alien : Covenant joue à l’équilibre entre le chef d’oeuvre mythologique et bourrin qu’est Prometheus et la cultissime saga d’horreur spatiale Alien-s-3-resurection. Posé sur les bases solides du premier, en nous ramenant à nos délices xénomorphiques de la seconde. Et pourtant méprisé par la langue venimeuse du public?
Attentions spoilers
Après cinq ans d’abstinence xénomorphique, les grosses bébêtes luisantes reviennent. En commençant par une belle com’. Si le prologue The crossing ou l’extra à 360° In utero font de parfait bonus pour ceux qui n’en ont pas eu assez, le biblique Last supper est facile certes, mais surtout un magnifique clin d’oeil / piège pour les fans. Jouant sur l’une des scènes les plus mythiques de la saga, le spectateur va s’attendre à une re-moulure 2017 du 8e passager, avec un James Franco pour donner la réplique façon moustache pré-pubère. Erreur. Si l’on retrouve des éléments clés de la saga originelle (réponse au signal, galerie des horreurs, vue subjective…), il s’agit aussi – et avant tout – de la suite de Prometheus. Prometheus avec ses aspirations et questionnement cybernétiques. L’origine de la vie et surtout des xénomorphes qui prend enfin un sens avec une révélation d’une horreur glaciale. Ces xénomorphes tapis dans les l’ombre… ces bêtes monstrueuses qui nous clouent inlassablement au siège pour notre plus grand plaisir. Semant la terreur sur un casting sorti de nulle part. Parce Ridley, il fait des barbecues avec ses movie stars. Et pour la troisième fois, sa nana d’enfer n’a pas besoin d’être célèbre pour botter de la vermine.
Certes, si Covenant ne rassemble pas les masses, c’est que ce n’est pas un sans-fautes. D’où le « maigre » 9/10 pour un film de la saga. Que ce soit la musique Hollywoodienne à deux balles lorsque le Covenant approche la planète (blurp) ou les déboires avec le réseau de panneaux solaires mis hors service dès qu’un tronçon est débranché – ou quand trop d’action tue l’action, à la Passengers. Mais ce sont des broutilles. Non. Ce qui a réellement pêché est le manque de lenteur, le point fort du premier opus de Ridley Scott. Où est passée la tension froide pleine de sueur? Un sentiment de devoir expédier la narration, de ne pas vouloir tomber dans un remake des traditionnelles chasse au xénomorphes/à l’homme? Expédition qui trouve son apogée dans une scène de hangar torchée, les effects spéciaux avec tant qu’on y est. Et pourtant, on l’attendait depuis sa visite initiale. Rempli de chaînes, de véhicules… un terrain de jeu parfait un final à la Terminator, premier du nom. Dommage.
Le point de force de Covenant est finalement cette dualité constante. Des colons assemblés en couples. De l’amour, sans que ça devienne lourdement pompeux, et du sexe, de la tension charnelle indissociable de la saga. Des cyborgs qui forment la pair. Ce magnifique duo cybernétique qui rend toute la grandeur du jeu de Michael Fassbender et culmine avec un jeu de flute bluffant et une punchline qui sort du fond du coeur/programme. Des chestburst qui vont toujours par deux et qui par la même renouvellent la dynamique de la saga. Quand il y en a plus, il y en a encore… et ils sont encore plus méchants. Une action à cheval entre un vaisseau high-tech flottant dans l’espace infini « sea of nothing » et un temple rustique planté au milieu d’une jungle suintante garnie de spores meurtriers. A cheval entre Prometheus et ses parents originels, ravivant la question de l’oeuf ou de la poule… ou plutôt de l’ovomorphe/facehugger et de la reine.
Covenant est magnifique. Garni de mythologie, de réponses et de questions, de gore, d’horreur, de réflexions, et de Walter/David. Un digne représentant de la saga. Et surtout, si Prometheus posait plus de questions qu’il n’en répondait, Covenant laisse aussi du gruyère à mastiquer. Cet éternel plaisir de retourner inlassablement le film dans sa tête, en rentrant du ciné par une belle nuit de Mai, un regard tourné vers les étoiles.
Plus qu’à attendre une nuit Prometheus-Covenant double version longue… et 2019?.